Partages et interactions

Partager c'est s'ouvrir et aller vers l'autre. Partager, c'est aussi respecter notre sensibilité, notre personnalité. Cette partie consciente de nous-mêmes nous poussera au désir de donner, produira une émotion, et un plaisir suivi d'un bonheur pourront en surgir...

Nous ouvrir dans le partage, c'est lâcher ce que nous avons à offrir, ce qui nous empêcherait sinon d'être en union avec la vie....

N'est-ce pas un magnifique spectacle que de voir une fleur s'ouvrir, laissant apparaître toute son intériorité qui sinon nous serait alors cachée, nous faisant son offrande à notre regard ? Par opposition, n'est-il pas si affligeant de voir l'indifférence courante dans ces grandes métropoles où se côtoient tant de personnes, comme repliées sur elles-mêmes, ne laissant rien paraître ? Elles sont comme des fleurs qui ne sont pas écloses, n'ayant que trop peu à offrir, ce dont notre regard ne serait vraiment se satisfaire.

J'aime à penser que les humains sont comme des fleurs qui s'ouvrent et s'épanouissent à leur manière et à leur rythme, mais ils n'en sont pas moins aussi fragiles pour autant. Dans leur intériorité, dans leur intimité ils sont touchés, meurtris et toutes ces blessures faites à leur âme sont comme des rayures sur un vernis satiné. Quand tout n'est plus que confusion, que nos angoisses prégnantes nous épuisent, nous avons besoin de surcroît de recevoir cette vigueur qui répare, qui vivifie, qui redonne tout son lisse. S'ouvrir c'est avant tout de lâcher nos craintes et nos angoisses et combien aurons-nous à nous ouvrir intérieurement pour nous ouvrir aux autres, à fouiller au plus profond de nous-même, jusqu'à l'âme, et de nous délester de tout ce poids qui nous engourdi. Le Dalaï-lama a dit, « Il ne peut y avoir de désarmement extérieur sans désarmement intérieur. »

La vie n'est qu'un appel, une continuité, un fragment du moi évanescent, un instant renouvelé sans cesse. Tout n'est que jaillissement, profusion : les saisons, le vol d'un oiseau dans le ciel, l'enfant qui grandit, rien ne saurait stopper cette marche, le moment présent insaisissable n'étant déjà plus que le passé en l'espace d'un souffle. Bien que la mort côtoie la vie à chaque instant, comme deux dualistes s'affrontant, la lumière du premier annihile le second jusqu'à ce que tout son noir soit absorbé subito, et alors se perpétue la fête des sens.

Il nous faut aussi admettre que l'on ne peut forcer une fleur à s'ouvrir, si ce n'est, sans contrainte, lui donner assez d'ouverture vers le soleil qui permettra son éclosion. Mais qui n'aime pas les fleurs, qui ne les apprécie pas, qui ne sait jamais émerveillé devant ces délices qu'elles nous offrent ?

Quand nous partageons, nous nous exposons, nous offrons un peu de ce que nous sommes. Dans cette ouverture aux autres qu'est le partage, il y a notre image que nous laissons apparaître. Henry Miller à dit : "Nous participons tous à la création. Nous sommes tous des rois, poètes, musiciens ; il n'est que de s'ouvrir comme un lotus pour découvrir ce qui est en nous." Alors soyons des partageurs dans la vie, laissons percevoir notre beauté intérieure, nos senteurs, qu'elles puissent être perçues, reconnues et appréciées. Soyons ceux qui ajoutent une fleur à un parterre de fleurs, que nos différences ne deviennent plus qu'attirance, que notre don soit comme une note de musique sur la porté du Musicien qui nous a offert sa composition. Jouons ensemble au rythme de la vie et que nous nous délections de toutes nos vibrations.

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